VERSION FRANÇAISE

Suivre une exploration étrange et sincère, en public

Je vois bien les pièges à parler de la conscience de cette façon. Voici ce que je suis vraiment en train de tester — et ce que je ne prétends pas.

Newsletter · 10 Décembre 2025
Personne debout sur des marches de temple face à des rangées de statues sereines, image de l’expérience conscience-d’abord de Martin Lenclos dans The Dreamer Project.

Salut, c’est Martin,

Je suis dans une bien meilleure disposition qu’il y a quelques mois pour commencer à publier sur les réseaux sociaux autour de l’exploration créative que je tourne dans ma tête depuis des mois :

  • le processus artistique peut se dérouler à l’intérieur et n’a pas toujours besoin de produire des objets physiques ;

  • la perception elle-même pourrait être le premier acte créatif ;

  • un éveil séculier, au jour le jour, peut se tester au cœur même de la vie ordinaire.

Pour cette phase de l’expérience, l’hypothèse de travail est simple — librement inspirée de certains travaux récents en sciences de la conscience et en philosophie de l’esprit : prendre la conscience comme primordiale, considérer le monde comme son rêve, et observer ce que cela fait à votre manière de voir.

On peut se tenir devant des siècles de réponses et choisir malgré tout de mener sa propre expérience.

J’ai passé ces dernières années à transformer cette hypothèse en objets, en scènes et en collaborations de design graphique. Maintenant, je suis sur le point de créer des prototypes de la perception elle-même : de petits shifts pour tester la réalité, comme si elle était le rêve d’un seul esprit — un long, très long rêve commencé à l’aube du temps.

Reconnaître mes limites

Les « codes authentiques » qui ont silencieusement guidé mes choix de carrière sont à nouveau mis à l’épreuve. Cette fois, je ne peux pas refaire les mêmes erreurs qu’avant : m’en remettre à la technologie, au cerveau d’autrui, à la recherche et aux financements extérieurs. La règle de base, à partir de maintenant, est simple : protéger l’indépendance et la clarté ; respecter sa propre observation subjective et son raisonnement ; être explicite sur ses limites ; et laisser le « je ne sais pas » conduire la boucle créer / tester / écouter.

Je dois aussi être précis sur ma relation avec toutes les traditions et tous les domaines qui m’inspirent. Mon exposition au christianisme, à l’hindouisme, au Daoism, au Buddhisme, à la physique quantique, à l’idéalisme, au stoïcisme et à bien d’autres domaines est surtout passée par des textes sur lesquels je suis tombé, des conversations entendues, des livres que j’ai lus ou des cours que j’ai pu suivre – mais jamais avec la profondeur soutenue d’un spécialiste.

Donc ma compréhension de toute pratique, religion, théologie, philosophie ou idéologie est nécessairement partielle. La seule chose honnête que je puisse faire, c’est vous renvoyer aux sources et dire : faites-vous votre propre opinion.

Comme beaucoup d’entre vous le savent, j’ai été profondément inspiré par le travail de personnes comme Annaka Harris sur la possibilité que la conscience soit fondamentale. À ce stade, il me semble toutefois plus honnête de considérer ce travail comme un arrière-plan de ma propre petite expérience plutôt que comme quelque chose au nom de quoi je pourrais parler. Je ne connais pas suffisamment bien ce domaine pour faire autre chose que le signaler et dire : c’est à lire absolument, et c’est à vous de vous faire votre propre opinion.

Il en va de même pour David Chalmers, Donald Hoffman, Bernardo Kastrup, Philip Goff, Eckhart Tolle et pour de nombreux scientifiques, philosophes et enseignants contemplatifs qui ont façonné la conversation moderne autour de la conscience, de l’esprit et de l’éveil.

Si vous avez un jour envie de voir les sources qui se cachent derrière tout ça, j’en tiens une sélection croissante dans la Bibliothèque sur mon site, pour que vous puissiez y plonger directement.

Silhouette d’une personne sous un immense cercle sombre, évoquant le « trou noir » de l’industrie des arts médiatiques et l’expérience créative conscience-d’abord de Martin Lenclos.

Même si le milieu ressemble à un trou noir, une petite manière de voir peut encore valoir l’expérience.

Un autre type de travail

Mon travail, c’est autre chose : un artiste devenu designer, puis entrepreneur, qui se retrouve aujourd’hui outsider philosophique et artiste conceptuel travaillant directement avec la perception et l’entraînement intérieur de l’esprit. J’essaie de définir un nouveau genre d’expérience créative qui n’aura peut-être jamais plus d’impact qu’un petit geste dans le trou noir de l’industrie des media-arts. Ce n’est pas une affirmation sur la façon dont la réalité est — c’est une manière de regarder que j’expérimente.

Est-ce que The Dreamer Project pourra un jour compter pour la recherche scientifique sur la conscience ? Peut-être, mais ce n’est pas clair.

Est-ce que We The Dreamer – en tant que théorie vivante d’une conscience fondamentale – peut nous aider à mieux vivre si nous expérimentons le fait de nous identifier au Rêveur plutôt qu’au moi individuel ? Peut-être, mais ce n’est pas clair.

Adopter une posture comme l'Idealisme stoïcien peut-il réellement aider les gens à moins souffrir, ou n’est-ce qu’un prisme pratique pour les quelques personnes qui se sentiraient appelées à tester des principes d’un regard où la conscience est première? Là encore : peut-être. Pas clair.

Ce n’est pas une affirmation sur la façon dont la réalité est — c’est une manière de regarder que j’expérimente.

En écoutant Sam Harris décrire les presque deux années qu’il a passées en retraite silencieuse, les enseignants avec lesquels il a travaillé, les langues et les terminologies qu’il a apprises, je vois quelqu’un qui est allé très loin dans une pratique spécifique et qui a gagné le droit d’en parler avec autorité. Quand Sam parle avec un moine bouddhiste de pleine conscience non-duelle et de la reconnaissance de l’absence de soi, il décrit une vision claire d’une perception non-duelle qu’il a entraînée de façon rigoureuse.

Ce n’est pas là où je me trouve aujourd’hui.

Grand panneau clair dressé dans un champ, avec une ouverture déchirée laissant voir l’herbe et l’horizon, suggérant une petite fenêtre de possibilité ou d’invitation dans le réel.

Ce n’est pas un nouveau monde, juste une fêlure dans celui-ci, assez large pour qu’une autre façon de voir s’y glisse.

Curiosité, rébellion et proposition silencieuse

Ma créativité autour du médium de l’esprit, de la perception et de l’exploration me semble immense — presque indisciplinée. Elle me donne un moyen d’utiliser ma sensibilité de designer, mes compétences artistiques et mon élan entrepreneurial pour plonger dans une manière de vivre avec un regard où la conscience est première sans sentiment de pénurie ni grandes prétentions. Je ne manque pas d’idées pour concevoir des méthodes et des exercices qui pointent vers une réalité qui part de la conscience, mais je considère tout cela comme une expérience créative, et non comme un chemin que je pourrais garantir à qui que ce soit.

Cette enquête a réactivé en moi un très vieux mélange de curiosité et de rébellion. Je ne pars pas du principe que j’ai raison, et je peux nommer de nombreuses raisons pour lesquelles ce genre d’exploration expérientielle peut déranger certains et déplaire à d’autres. Pourtant, la toile qui se présente à moi ressemble — silencieusement — à une proposition : un geste d’amour, un offre de paix, et une invitation créative.

En intégrant les enseignements sur lesquels je suis tombé au fil des années — de mon éducation catholique, de mes années de curiosité spirituelle, jusqu’à mon parcours dans le design, l’art et l’entrepreneuriat — je n’ai aucune intention de les copier ou de les déformer à mon profit, ni de les utiliser comme un badge pour suggérer que je « détiens » la vérité.

Ma formation a été large mais ma capacité à retenir les faits plutôt limitée ; là où les choses prennent vraiment racine, c’est dans mon expérience subjective et ma réponse créative. Le fruit de mon interprétation est donc réellement indépendant — même lorsque j’utilise des références (bibliques, de la mystique chrétienne, des philosophies non-duelles orientales ou du New Age) comme panneaux indicateurs pour que vous puissiez les vérifier par vous-mêmes.

Chercher l’équilibre sous le regard des autres

Quand je regarde les personnes qui passent des décennies sur ce terrain — étude formelle des textes religieux, années de pratique contemplative, travail scientifique et académique, engagement soutenu avec les questions d’éthique, de sens et d’avenir de notre espèce — je vois une amplitude de repères et une précision de mémoire qui font partie intégrante de leur métier.

Par respect pour celles et ceux qui travaillent à ce niveau, je ne peux pas prétendre à ce type d’érudition. Ce que je peux offrir, c’est mon énergie, mon cœur et mon attention, au service d’une démarche créative qui ne prend comme témoin que le moment présent.

Alors aujourd’hui, je dois garder un équilibre délicat :

  • entre esthétique et expérimentation,

  • entre bricolage infini et mise en circulation réelle des choses,

  • entre hypothèses et observation subjective,

  • entre promettre un « impact » et simplement montrer ce qui se passe.

La prochaine phase — les posts sur les réseaux, les tests courts de 30 à 60 secondes, les expériences créatives First Dream — est simplement ma tentative de marcher en équilibre sur cette ligne en public, avec autant de clarté et d’humilité que possible. Ce sont juste ces déplacements de perception, ma façon de me rebeller en douceur contre un monde qui, parfois, semble un peu trop solide.

Escalier intérieur menant à une ouverture cadrant un arbre à l’extérieur, illustration de l’idée de Martin Lenclos de la perception comme petits cadres testables de la réalité dans The Dreamer Project.

Le monde n’arrive pas déjà cadré ; c’est nous qui faisons le cadrage, marche après marche.

Je ne sais pas si traiter la conscience comme fondamentale fait une bonne philosophie de vie, et je ne peux honnêtement pas vous la recommander comme telle. Ce que je peux faire, c’est mener cette expérience en public — étrange mais sincère, à la fois art conceptuel et recherche sur la perception — et vous laisser décider ce que cela vaut, le cas échéant.

Continuez à m’envoyer vos questions ; c’est l’un des meilleurs moyens que j’ai pour clarifier ce travail et voir où l’expérience compte vraiment. Dans les semaines qui viennent, je vais commencer à publier de façon plus publique, et quelque part, il y aura peut-être quelques personnes pour qui tout cela résonnera assez pour accorder un peu de crédit à la façon dont j’en parle, rejoindre la conversation, ou essayer discrètement ces lentilles un instant — dans leurs trajets, leur famille, leur pratique créative, ou leur propre récit.

Si ce travail finit par trouver ces quelques personnes-là, ce sera déjà beaucoup. En attendant, vous avez déjà été plus que suffisants pour me mettre en mouvement, et je vous en suis sincèrement reconnaissant.

Merci d’offrir ton attention à quelque chose qui la demande lentement en retour.

— Martin

Last updated: December 10, 2025